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COMPAGNIE THEATRALE

POÉSIE & musique.orge 2024

17ème édition

La poésie est à la fois parole et provocation silencieuse, désespérée de notre être-exigeant pour la venue d’une réalité qui sera sans concurrente. Imputrescible celle-là. Impérissable, non ; car elle court les dangers de tous. Mais la seule visiblement qui triomphe de la mort matérielle. Telle est la Beauté, la Beauté hauturière, apparue dès les premiers temps de notre cœur, tantôt dérisoirement conscient, tantôt lumineusement averti.

La seule signature au bas de la vie blanche, c’est la poésie qui la dessine. Et toujours entre notre cœur éclaté et la cascade apparue.

La Parole en archipel, René Char

Éditions Gallimard 1962

Au plus fort de l’orage, il y a toujours un oiseau pour nous rassurer. C’est l’oiseau inconnu. Il chante avant de s’envoler.

Les Matinaux, René Char

Éditions Gallimard 1950

POÈTES

 

Martine-Gabrielle KONORSKI

PARCOURS D’ÉCRITURE

Martine-Gabrielle Konorski est de nationalité française et suisse. Elle est auteure de poésie et musicienne. La poésie l’accompagne depuis toujours. La poésie s’est imposée à moi, entre lumières et ombres et c’est dans le brasier des mots que se construit mon chemin. C’est la musique de la voix et la danse intérieure qui tissent ensemble les mots, tel un ruban de vie. En équilibre sur un fil, dans une pulsation qui frôle parfois la syncope. Son parcours d’écriture a été déterminé par ses rencontres avec l’homme de théâtre, comédien-poète, Vicky Messica, fondateur du Théâtre Les Déchargeurs, ainsi qu’avec l’éditeur-poète Bruno Durocher, prix de poésie de l’Académie Française, fondateur des éditions Caractères. Elle est auteure de plusieurs livres de poésie, de livres d’artistes, est régulièrement présente dans des revues de littérature et de poésie. Deux de ses livres viennent d’être publiés en édition bilingue, français-italien par les éditions Vita Activa ((Trieste). Elle est régulièrement auteure d’articles, de portraits, d’entretiens. Parmi ses derniers travaux on peut notamment citer ceux réalisés dans Les Carnets d’Eucharis. Elle participe également à des lectures à l’occasion du Printemps des Poètes, de festivals, et réalise des créations au théâtre, dialogues harmoniques entre poésie et musique.

Martine-Gabrielle Konorski est administrateure de l’Union des Poètes & Cie, membre du comité de rédaction de la revue Les Carnets d’Eucharis, collabore à la revue culturelle A la Page, et au Magazine Rebelle(s). Elle a été présidente du jury du concours « Faites des mots en prison », organisé par le Ministère de la justice.

Elle a mené une carrière internationale dans la communication, en France et aux États-Unis, après des études supérieures de droit, d’anglais et de sciences-politiques.

Elle est Chevalier dans l’Ordre National du Mérite.

BIBLIOGRAPHIE

Ti vedo pallido… in lontananza, Éditions Vita Activa (Bilingue) -Trieste, 2023 ; Anthologie-Martine-Gabrielle Konorski - Coll. Poètes Trop Effacés, Éditions Le Nouvel Athanor, 2023 ; Adesso, Éditions Black Herald Press, 2022 ; Instant De Terres - Peintures : Colin Cyvoct, (Préf. Nathalie Riera), Éditions L’atelier du Grand Tetras, 2021 ; Bethani Suivi de Le Bouillon De La Langue, (Préf. Emmanuel Moses), Éditions Le Nouvel Athanor, 2019 ; Une Lumière S’accorde, (Préf. Angèle Paoli - Postf. Claudine Bohi), Éditions Le Nouvel Athanor, 2016 ; Je Te Vois Pâle… Au Loin (Préf. Jean-Luc Maxence), Éditions Le Nouvel Athanor, 2014 - Prix « Poésie Cap 2020 » ; Sutures Des Saisons, Éditions Caractères, 1987

Bandes D’artistes, Avec la Peintre Christine Valcke, Éditions Lieux-Dits, 2021.

Exposition, Peintures Et Poème, Au Prieuré de Serrabona, Juillet-Octobre 2022 ; Et Si C’était Là- Bas, Avec la Peintre Myriam Boccara, Éditions Les Cahiers du Museur, Coll. À Côté, 2020

CONTACT : mkonorski@googlemail.comhttps://fr.wkipedia.org/wiki/Martine-Gabrielle_Konorski - https://www.youtube.com/watch?v=X5DRQEb112khttp://www.martinekonorskipoesie.com/

 

***

Allongés sous le ciel

Ton cœur se coud au mien

Douleur contre douleur

Enlacés

dans un ruban de vent

Repliés dans une entaille

d’abandon

Nous sommes les étoiles.

**

Libres du seul instant

Je te connais

depuis longtemps

Depuis un âge ancien

au profond goût d’orange

 

Ton regard

a cloué les larmes

au fond de mes pupilles

Tu en as gardé l’eau

dans la paume de tes mains

Contre un ciel d’émeraude

L’aurore nous a bercés

 

Et nous sommes partis

Les souliers délacés

Aspirés par le vent

Libres du seul instant.

 

**

 

C’est la fin de la route

Feuillage arraché à la lumière

Dans le sillon des paroles

Le matin ouvre l’œil

Pour arrêter la nuit.

 

Je te vois pâle … au loin, éditions Le Nouvel Athanor, 2014


**

Les pierres sont justes

remplies de la mémoire

au tremblement

des noms

Dans le filet des jours

pleurent les égarés

À l’échappée du vide

glissé entre les doigts

Dans la pénombre de ta bouche

les mots de l’éclaircie.

**

Habiter le temps

de soi Être soi

dans l’espace Sans espace

par-delà les jours

surpris arrachés

à la mort

Sur les plages de l’absence

coquilles échouées

limées contre la vague

Blanchis par la brûlure

lavés des eaux du ciel

où sommes-nous passés ?

**

Ceux-là marchent

par hasard

Moi je cours

hors d’atteinte

Une trouée signale

la clarté décisive

On doit tous y aller

Il restera de nous

la transparence du soir.

 

Une lumière s’accorde, éditions Le Nouvel Athanor, 2016

 

 

Cyrille LATOUR

Notice biographique

Ingénieur et journaliste de formation, Cyrille Latour, né à Paris en 1978, est l'auteur de trois romans et deux récits, parus aux éditions L'Amourier et Lunatique, ainsi que d'un premier recueil de poésie, aux éditions Jacques Brémond.

Il travaille comme rédacteur-multimédia pour France Télévisions.

Par ailleurs, il est scénariste (pour la série Vestiaires sur France 2), réalisateur de films photographiques (en collaboration avec le collectif « Les Associés ») et bassiste d'Emma Sand Group.

Bibliographie

- De l’univers visible et invisible, éditions L’Amourier, 2012 – lauréat du Prix [du métro] Goncourt 2013

- La Seconde vie de Clément Garcin, éditions L’Amourier, 2014 – finaliste du prix Écritures & Spiritualités 2015

- Car l’amour existe, éditions L’Amourier, 2018

- Mes Deuzéleu, éditions Lunatique, 2019

- Et puis viennent les femmes/Et puis viennent les hommes, éditions Lunatique, 2023

- Je veux dire, éditions Jacques Brémond, 2023 – lauréat du Prix Bernard-Vargaftig 2022

 

***

il y aurait des bougies | peut-être une église

mais

sans la solennité de l’orgue et du chœur | disons une chapelle | il aurait fait chaud tout le jour | on aurait marché entre les murs | enfin | la fraîcheur | peu de monde | juste ce qu’il faut d’anonymat et d’intimité | il y aurait le craquement du bois sous les mains le froissement des vêtements | peut-être | le bâillement d’un voisin la rigidité du banc | cinq ou six musiciens | tout au plus | théorbe viole luth cornet | on essaierait de retenir | de nommer

et puis

il n’y aurait pas d’ 

et puis

on ne remarquerait rien | je veux dire | il n’y aurait rien de remarquable | à peine un sentiment diffus qui s’installerait si discrètement qu’on finirait par s’en sentir sinon responsables au moins complices | on chercherait l’origine du malaise | en vain | comme ces journées où la sensation d’avoir oublié quelque chose est si limpide et entêtante qu’elle en efface la chose oubliée | on prêterait l’oreille| rien à signaler | la voix jouerait la mélodie respecterait la cadence | afflux des notes

mais

elle s’imposerait | la voix | dans une forme de nudité | il y aurait de l’impudeur à l’écouter ainsi | on se sentirait voyeurs | par l’ouïe

alors

prêter l’oreille à nouveau | tendre | attendre | que nous apparaissent enfin | l’immobilité des doigts sur le théorbe | la fixité de l’archet au-dessus de la viole

alors

on prendrait conscience

mais

sans encore réussir à le définir | pas tant un vide qu’une absence | voilà | la musique | comme on le dirait d’un proche qui ne nous reconnaît plus | la musique | a eu une absence | mouvement de basse du théorbe et de la viole | mouvement continu et obstiné | soutien | qui contient | mouvement | révélé par son absence même

stupeur rétrospective du mouvement suspendu

 

**

de ton corps | ne percevoir | que | le balancement

et

à mesure | l’air | sentir l’air | déplace autour | de nous | ton corps | à peine | souffle | moins que souffle

pourtant

peu à peu | tu serais | là | de plus | en plus | là | m’avancer | tu | avancerais | équilibre | s’avancer | toujours un peu | plus

de plus en plus | là

jusqu’à ce que

l’air | autour de toi | et l’air autour | de moi | lentement | tes bras | déploient | lentement | mes bras | l’air | recueille | les corps | blottis | les corps | préviennent | la chute

et puis

pas d’

et puis

aucun | sursaut | on ne remarquerait rien

Je veux dire, éditions Jacques Brémond, 2023

 

Évelyne MORIN

Évelyne Morin est née à Tulle et vit en Essonne. Elle est poète, ancienne professeure de Lettres, comédienne à la compagnie théâtrale Les Trois Clous.

Elle a publié une vingtaine d’ouvrages. Dernières publications : N’arrêtez pas la terre ici, Le

Nouvel Athanor, Cela, fulguré, Gros textes, Un retour plus loin (gravure de Marc Pessin), éditions

Jacques Brémond, Rouge à l’âme, Potentille (2007), Matin de l’arbre levant, préface de Brigitte Gyr,

Le Nouvel Athanor (2014), Le Bois des Corbeaux, photographies d’Éliane Morin, Gros textes (2015).

Évelyne Morin, éditions Le Nouvel Athanor, Collection Poètes trop effacés (2018), Les bois flottés du jour, Encres Vives, Soleil juste la nuit, éditions Henry (2019), Une lumière incertaine aux éditions Unicité (2022), Nuit d’écrire, dessin de Marie Alloy, Les Lieux-Dits éditions, collection Le Loup bleu (2023)

Livres d’artiste : Effacement du jour, peintures de Colette Klein, Les Cahiers du Museur (2021), Psaume en noir et blanc, encres de Nourit Masson Sékiné, Bandes d’Artistes, Les Lieux-Dits éditions, 2021

Parutions en revues : Les Cahiers du sens, Comme en poésie, Concerto pour marées et silence,

revue, Décharge, Diérèse, Imprévue (revue franco-américaine), Interventions à haute voix, Neige Verso…, en anthologies et ouvrages collectifs (Le Banquet des absents, Levée d’encre, 2017).

Revues en ligne : Recours au poème, Balkan-Sehara (revue de littérature des Balkans)

Évelyne Morin assure la programmation de Poésie & Musique.orge.

Site : http://evelynemorin-poesie.fr

***

Les mythes nous guident dans le brouillard

Quand nous ne savons plus

où aller

Une barque attend au bord du fleuve

Une parole que nous n’avons pas encore dite

Et qui sait

ce que nous ne savons pas

Dans les rêves il ne fait pas toujours nuit

Les visiteurs frappent à la porte

alors qu’on ne les attendait pas

Nous revenons

à l’oubli des frontières

en exil du lieu

qui nous accueillit un jour

au terme du voyage

À la porte froide

un guetteur d’aube

attend l’extinction des étoiles

 

Dans la pensée de la terre I

in revue Diérèse n°89, janvier 2024

 

**

 

De quelle absence s’absenter

 

Sinon écrire

Dans le souffle du vent

Et l’emprise de la terre

 

Venues d’antres chthoniennes

les pensées

Et les rêves de sable

apaisant les nuits

 

Course éphémère à l’abîme

rehaussé de lumière

 

Ce ne sont que des ombres

passantes de leur âme

 

Glissement des nuages vers leur absence

 

Le jeu s’arrête au bout du voyage

derrière de hauts murs sans fenêtres

**

Au début du monde apercevoir la fin

Imperceptible glissement d’une onde

Comme l’oiseau survole la rivière

Inconscient du soleil qui descend

à l’ouest de la plaine

 

Les mots s’effacent

Quelqu’un marche

précédé par son ombre

 

Quelque chose s’enfuit sous les pas

La révélation

enfouie quelque part sous la terre

 

Ou bien

une histoire cachée

derrière une porte

Un soir de pluie et de vent

À l’appel d’un train perdu

 

Nous sommes

nés de blessures

inconnues

Pourtant les nuages passants savent

Le combat de l’ombre et de la lumière

La certitude du sens soudain offerte

 

Dans la pensée de la terre II

in revue Verso, 2024

 

 

Étienne ORSINI

 

Né en 1968, Étienne Orsini a publié depuis 2004 une quinzaine d’ouvrages, principalement des recueils de poèmes. Sa poésie a été mise en musique par l’ensemble Le Fil du Rêveur et, plus récemment, par le compositeur Laurent Coulomb.

Depuis 2014, il est en charge de la programmation culturelle et poétique de L'Espace Andrée Chedid à Issy-les-Moulineaux et anime des ateliers d’écriture. En 2018, il a présidé le jury du concours Poésie en Liberté, destiné aux jeunes de 15 à 25 ans.

Membre fondateur du groupe A Stonda, il donne régulièrement des concerts de polyphonie corse sacrée et profane avec, au répertoire, des poésies chantées en langue corse ou en vieux toscan (paghjelle, terzetti, madricale…).

Photographe à ses heures, il s’est autoproclamé Inspecteur général des flaques au Bureau international des ombres & reflets et tient à ce titre une chronique en images sur sa page Facebook.

Il a exposé à plusieurs reprises à l’Espace Manufacture d’Issy et mis en résonance poésie et images dans ses livres Un paysage, à l'arbre près et Où le jour me traverse (L'Esprit de la lettre, 2014, 2018), Homme de peu de poids, Présence d’esprits (Via Domitia, 2022, 2023).

Il a contribué avec ses photographies à l’album-CD Danser dans les cages du groupe Haxovox à l’invitation du poète Yekta.

 

Bibliographie

- Poésie : Homme de peu de poids, Via Domitia, 2022 ; Étienne Orsini, Anthologie, collection Poètes trop effacés, Le Nouvel Athanor, 2021 ; Débusquer des soleils, Le Nouvel Athanor, 2021 ; Où le jour me traverse, L'Esprit de la lettre, 2018 ; Répondre aux oiseaux, Pippa, 2016 ; Un paysage, à l'arbre près - Ombres et lumières en Custera, L'Esprit de la lettre, 2015 ; Un visage ne va pas de soi, Recours au Poème éditeurs, 2015 (livre numérique) ; Gravure sur braise, Le Nouvel Athanor, 2013 ; Autant que ciel se peut, Le Nouvel Athanor, préface de Salah Stétié, 2010 ; Veillée d'âme, Le Nouvel Athanor, préface de Bruno Doucey, 2008 ; À perte d'oubli, Le Nouvel Athanor, 2006 ; Mais je reviens de l'Immobile, Le Nouvel Athanor, avant-dire de Jean-Luc Maxence, 2004

 

- Livre d’artiste et ouvrages en collaboration : Danser dans les cages, Petra, 2023 ; Toucher du bois, calligraphies et empreintes d’arbres de Constance Fulda, 2020

 

- Récits et nouvelles : Présence d’esprits (avec David Jacob), Via Domitia, 2023 ; À l’ouest, bien à l’ouest, Unicité, 2020 ; La main à l’oreille, scènes de ma vie polyphonique, L'Esprit de la lettre, 2019

 

- Participation à plusieurs anthologies et ouvrages collectifs

 

- CD : L’échappée perpétuelle avec l’ensemble musical Le Fil du Rêveur, octobre 2015

 

- En revues : Les Cahiers du sens, Lieux d’Être, Poésie sur Seine, Gustave, Hélas !

 

***

 

Tout homme cultivé se doit d’entretenir ses lacunes avec au moins autant de soin que son savoir.

Que serait un jardin sans ces respirations que constituent accrocs de pierres, chemins de terre et lambeaux d’herbes plus ou moins sages ou folles ? Un étouffe-rêveur, rien de plus !

On ne pourrait plus y sentir la rareté d’un parfum, y percevoir l’unicité d’une corolle, le velouté d’un pétale. Si tout n’était que floraison, la fleur même disparaîtrait.

La lacune est un petit lac où il fait bon se rafraîchir quand trop de connaissances risqueraient de nous dessécher l’âme.

La lacune est d’un bleu que le savoir ne connaît pas et dont le ciel lui-même peut-être tout ignore. Un bleu lagon… Un bleu lacune.

 

 

L’île inversée

Le lac

Vaguelettes et pensées

 

Le vide qui chante Petit éloge des lacunes, inédit

 

**

 

Le fleuve ne comptait qu’une seule rive

On ne pouvait le traverser

Car sans jamais s’y déverser

Il longeait les abîmes

 

 

Pleuvoir avait été oublié

Cela faisait si longtemps

Seule une flaque d’eau s’en souvenait

Qui avait refusé de sécher

 

 

Tel arbre ne fleurissait

Qu’après avoir fructifié

Tel autre, pris d’un soudain accès de folie

Pouvait vous planter les racines dans les pieds

 

 

Tous les nuages du ciel

Ne formaient plus qu’un point

Une colonne de points

Qui soutenait l’azur […]

 

 

La mer était devenue muette dans les coquillages […]

 

 

Ici et là, des applaudissements éclataient

Vestiges d’un très ancien spectacle

 

 

Les dieux s’étaient mis à prier

On aurait dit qu’ils suppliaient les hommes

 

La mer était devenue muette dans les coquillages (Les dérèglements), inédit

 

Marie ROUZIN

 

Marie Rouzin est née le 24 août 1978 à Bayeux, en Basse-Normandie. Elle vit en Île de France.

 

Elle est autrice et enseignante, diplômée de Lettres modernes (Caen) et d’Études théâtrales (Paris 8).

Elle écrit des textes poétiques et des textes pour la scène, dans lesquels elle interroge le collectif, les gestes d’émancipation et la métamorphose des êtres. Son écriture suit les formes du végétal, de l’eau, de la course à pied et du vélo, tout en rythme et en mouvement. Elle aime les territoires à la marge et navigue entre les genres. Elle aime aussi, au jardin ou dans les bordures, observer les pousses spontanées et cultiver les salades.

Elle anime des ateliers d’écriture en milieu scolaire et associatif.

 

Publications :

– Circulus, récit poétique, Serge Safran éditeur (2018), sélectionné pour le prix du Premier roman, le prix Senghor du premier roman ainsi que Les Rendez-vous du premier roman, a reçu le prix littéraire de la ville de Caen – Normandie.

– Passe, texte dramatique court, revue Artichaut (2019)

– NOUS (2020), texte dramatique, accompagné par le collectif À mots découverts et remarqué par les E.A.T. 2020

– Surgeons et autres pousses, éditions Excès (2022), écriture collective (recueil de textes poétiques et philosophiques), avec Maria Kakogianni et Amalia Ramanankirahina

– Fugue, récital poétique, édité dans la collection Polder de la revue Décharge (n°198, mai 2023)

– Percées, récital poétique (publication aux éditions du Castor Astral prévue en avril-mai 2024)

– Les Rives, texte dramatique (2023)

 

***

 

Tu es ici

Un point rouge sur la carte

Ici

Ton existence pointe

C’est un rond

Rouge

Minuscule

C’est là que tu te trouves

Ici

Latitude 48.9 longitude 1.7 tu peux t’orienter aisément

L’emplacement est précis

Lieu-dit semi-sauvage

Bordure habitable

Non loin d’une route nationale

Le long d’un fleuve

L’eau y fait un coude une rive pour attendre

Le temps du passage […]

 

C’est une abstraction que tu peux lire les cartes

Elles t’aident à comprendre les situations les mouvements

La répartition des forces la concentration humaine

Les cartes t’aident à lire le monde

Pour elles ta gratitude

Tu lis la carte tu te demandes

Si tu peux être ailleurs

Tu pourrais être là

Ou là

Ou là

Autre pays autre rivière autre terre autre langue

Autre bordure autre rive autre humus

Tu plies et déplies le papier

Dans les plis tu imagines des mondes

Tu es ici implante-toi plonge-toi plonge dans la carte

Regarde

Il y a un lieu pour toi cette carte te l’assure

Dans ce relief dans cette vallée sur cette rive

Il y a une ligne bleue

C’est une rivière nouvelle

Il suffit d’y plonger

 

**

 

L’oiseau sur ton épaule a lissé ses plumes,

Il a repris des forces,

Il prépare son envol et siffle à ton oreille

Un air fuyant

Et voici son écho :

 

La nuit est derrière-toi

Les lieux connus

Les lieux communs

Les microcosmes

Ruissellent sur le sol

Sans pénétrer la terre

L’humidité

Sur ta peau en gouttelettes

Reste un temps

À leur surface tu vois

Des reflets

Des formes

Sur lesquelles

Tu poses le bout de ta langue

Mais tu veux

Une autre expérience

Il te faudra encore marcher

Suivre jusqu’au bout ton idée du départ

Car une fuite non consommée

Ronge les mouvements de celui qui attend

Il te faudra trouver

Une terre humide

Profonde

Odorante

Et meuble

Il faut marcher encore

 

Fugue, collection Polder (n°198) de la revue Décharge, 2023