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COMPAGNIE THEATRALE

 

Exposition de photographies
"terre de morte-vies"
Photographies d'Éliane Morin - accompagnées de poèmes d'Évelyne Morin
 

du 6 au 29 septembre 2017
Espace Brassens - 1, rue des Grives - 91760 Itteville (tél. : 01 64 85 0927)
Vernissage samedi 16 septembre à 11H

Chemin des Dames, chemin des morts, voyage sur la terre déchirée de l’Aisne et du Soissonnais.
Soldats morts à l’assaut de buttes et de plateaux, et soldats fusillés, boue, obus et barbelés, bruit et fureur.
Silence des bois qui ont recouvert la guerre, silence des morts enfouis en eux.
Révolte de la terre qui s’effondre de ses tranchées à peine recouvertes, comme on cache la honte de spectacles insupportables.
Terre qui vomit encore et encore la guerre enterrée en elle.
Terre de vie accouchant de moissons fertilisées par le sang et la mort des hommes.
Aujourd’hui.


Berry au Bac


BERRY-AU-BAC

Chemin des Dames, août 2017
Craonne
De la lenteur des bois
émerge une lumière
Pensée d’aube sur le jour finissant

Une tombe s’éternise là
dans le bouleversement de la terre

Des myriades d’étoiles
s’accrochent à la pluie
Paroles de silence
cent ans et un jour
maintenant après

Sérénité lumineuse des ténèbres

Temps un temps
exhumé de la terre profonde


Paix donnée
du chemin
à la fin


BERRY-AU-BAC


MAIZY


PONTAVERT


MAIZY


PONTAVERT

À l’heure de la terre

À l’heure de la terre
éventrée par l’horizon

Il y a les cris sous la terre
le vide des villages désertés
dévastés

Là-bas
en vide lieu

L’eau coule à la fontaine
L’heure est parfaite
en nuages passants

C’est un chemin de terre
troué de lumière
dissidente

L’ombre tombe en cascade
sur les morts perdus
en deçà de leur mort

Pas un chant d’oiseau
ne transperce la pluie

L’horizon s’est refermé sur le bois
Les mots pourrissent lentement
sous les feuilles

Enchantement
du temps
passant ici
arrêté


HURTEBISE


HURTEBISE

    
Monuments des Basques


HURTEBISE

Vingré, Fontenoy, fusillés pour l’exemple

Des yeux d’étoiles
transcendent l’ombre des bois

Des jours et des jours
enfouis sous la terre
ressurgissent çà et là

Désespérance du monde
apaisée au bout du temps
Sur le chemin des noms
arrêtés là en terre
striée de croix
parfois un homme reprend histoire

Mémoire ouverte
au soleil et à la pluie
dont la nuit vient se briser
sur une dernière aube

L’homme donnant la mort à l’homme

De ne savoir vivre en terre de ciel

Là-bas aller
écouter
le bruit revenant
au lieu du silence

Recueillir les signes
d’une impossible parole
Mi-nuit de la guerre

Dans la perte glacée du soir
prend naissance un autre signe

Résonance d’un battement d’ailes
ou disparition furtive de la lumière

Là-haut sur le calvaire
j’ai gravé mon nom dans la pierre
afin que l’horizon n’oublie pas
que j’ai regardé la terre et l’abandon de la terre


Étoile brisée d’un oiseau
aux limites de son vol
Et la terre recueille son oubli
à mi-nuit de la guerre

Ni pensée ni rêve
Mais le corps obscur
de l’angoisse souterraine :
vie inverse d’un ciel éteint
sous l’éboulement du temps

Je ne sais pas si je suis revenu
La terre le sait
qui rend encore les hommes
à la lumière de ce jour


Craonne


Craonnelle Nécropole


BOIS DE CALIFORNIE


BOIS DE CALIFORNIE

    
 CRAONNE - ORATOIRE

    
CRAONNE - FONTAINE DU POILU

    
CORBENY - BOIS DE BUTTES


Craonnelle Nécropole

Craonne

De la lenteur des bois
émerge une lumière
Pensée d’aube sur le jour finissant

Une tombe s’éternise là
dans le bouleversement de la terre

Une myriade d’étoiles
s’accrochent à la pluie
Paroles de silence
cent ans et un jour
maintenant après

Sérénité lumineuse des ténèbres

Temps un temps
exhumé de la terre profonde

Paix donnée
du chemin
à la fin

À l’heure de la terre

À l’heure de la terre
éventrée par l’horizon

Il y a les cris sous la terre
le vide des villages désertés
dévastés

Là-bas
en vide lieu

L’eau coule à la fontaine
L’heure est parfaite
en nuages passants

C’est un chemin de terre
troué de lumière
dissidente

L’ombre tombe en cascade
sur les morts perdus
en deçà de leur mort

Pas un chant d’oiseau
ne transperce la pluie

L’horizon s’est refermé sur le bois
Les mots pourrissent lentement
sous les feuilles

Enchantement
du temps
passant ici
arrêté
Vingré, Fontenoy, fusillés pour l’exemple


Des yeux d’étoiles
transcendent l’ombre des bois

Des jours et des jours
enfouis sous la terre
ressurgissent çà et là

Désespérance du monde
apaisée au bout du temps
Sur le chemin des noms
arrêtés là en terre
striée de croix
parfois un homme reprend histoire

Mémoire ouverte
au soleil et à la pluie
dont la nuit vient se briser
sur une dernière aube

L’homme donnant la mort à l’homme

De ne savoir vivre en terre de ciel

Là-bas aller
écouter
le bruit revenant
au lieu du silence

Recueillir les signes
d’une impossible parole



Poèmes d’Évelyne Morin

 


VINGRE

 
Villages


Les étoiles
transpercent les toits
éventrés Et le ciel
est noir le jour
Le ciel flamboie
la nuit Et le bruit
de la guerre jamais
n’arrête de détruire
le silence des champs
maintenant de bataille

Les villages prient
qu’on les épargne eux
qu’on a laissés seuls
sous les obus Et parfois
un chien aboie
à l’abandon d’une rue
C’était là Ils sont partis
Souffrance des murs qu’on abat
Souffrance des sommeils explosés
Ils ont fini d’enterrer les oiseaux
avant de partir Le village s’est éloigné
ou bien eux Ils ne savent pas très bien

Il n’y avait plus de place
pour la mémoire ni le deuil
sur les charrettes
Seulement la tentative de vivre
encore un peu ailleurs
jusqu’à ce que ça s’arrête
là-bas qu’ils quittaient
la peine au ventre
Le seuil franchi
la guerre pouvait prendre ses quartiers
Il ne restait rien d’eux
qui partaient sur les routes
Les images des maisons encore vivantes
effaceraient la paix

La guerre pouvait commencer
à construire ses ruines
Et ce serait ainsi
Et ce sera ainsi

Évelyne Morin
Le Bois des Corbeaux
Éditions Gros Textes, 2015

    


Vingré

    
         ROUCY              Moulin de Laffaux

Fusillé pour l’exemple

La lumière disparut de ses yeux
laissant place à la brume
Et la plaine et les bois
devinrent son dernier champ de bataille

Il se souvint des terres qu’il avait quittées
pas encore moissonnées
Et il pensa qu’il ne les reverrait plus
que les coquelicots naîtraient
des blés
lorsque le soleil tomberait avec lui

Il marchait sans comprendre
ce qui avait pu arriver
Il ne se souvenait pas d’être venu
ici un jour d’été
lointain Et commençait
la nuit d’un jour incertain
en ces autres hostiles
qui ne comprenaient pas
la folie qui avait envahi
son cœur et la peur
et le froid de se savoir
si loin en terre inhospitalière



Et soudain c’était la fin
la fin du monde de son âme
tranquille au monde
Et soudain la nuit du noir
enveloppait ce qu’il avait aimé
La nuit des mots


ROUCY